Le Mariage Pour Tous
le site de référence pour tout comprendre des enjeux sur le #mariagepourtous

> Ressources > Auditions & débats parlementaires > Les débats à l’Assemblée nationale > Discussion générale

jeudi 31 janvier 2013

O. Dassault (30 janvier)

M. Olivier Dassault. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, madame la ministre, mes chers collègues, l’enjeu n’est pas ici l’homosexualité, qui est de fait une réalité.
 
L’enjeu n’est pas non plus l’amour homosexuel ou l’amour hétérosexuel. Les deux existent, les deux sont légitimes ; il n’est question ni de les opposer, ni de les juger. Oser prétendre que les opposants au mariage homosexuel mèneraient un « combat contre l’amour » est aussi insane qu’indigne. Car comme le disait l’académicien Jacques de Bourbon Busset, « l’ennemi de l’amour, c’est l’amour-propre ».
 
Depuis que le projet de loi a été annoncé, « le tribunal des bonnes consciences » – c’est ainsi que le dénomme le grand rabbin de France – siège sans discontinuer, s’efforçant de réduire au silence ceux qui osent aller contre l’idéologie du moment.
 
Mesdames et messieurs les censeurs, de quoi donc avez-vous si peur ? (Exclamations sur plusieurs du groupe SRC.) Que craignez-vous tant qu’il faille jeter l’anathème sur ceux qui ne pensent pas comme vous ?

Mme Catherine Quéré. C’est vous, les censeurs !

M. Olivier Dassault. Vous nous traitez d’homophobes, d’ennemis de l’amour, voire carrément d’ennemis du progrès. Vous attaquez nos personnes car vous refusez d’entendre ce que nous avons à dire.

M. Marcel Rogemont. Nous attaquons les idées !

M. Olivier Dassault. Au risque de vous décevoir, mesdames, messieurs de la majorité, la France ne se divise pas entre le camp de la lumière et celui des ténèbres,…

Mme Catherine Quéré. On se le demande parfois !

M. Marcel Rogemont. Le soleil se lève pour tout le monde !

M. Olivier Dassault. … entre progressistes et conservateurs. Ainsi, il n’y a aucun progressisme dans les propos de Pierre Bergé, qui ne voit aucune différence entre « louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine ».

M. Bernard Roman. Cela a déjà été dit quatre fois ! Il faut arrêter de le répéter !

M. Olivier Dassault. Où sont les consciences outrées ? Où sont les déclarations fracassantes contre la marchandisation des corps ? Si m’opposer aux folies de M. Bergé fait de moi un conservateur, qu’il en soit ainsi !

M. Christian Hutin. Pas un conservateur, un réactionnaire !

M. Olivier Dassault. Cette sortie annonce-t-elle le dénouement de la pièce que vous nous jouez depuis quelques semaines, où le mariage homosexuel serait le premier maillon d’une chaîne qui devrait nous entraîner vers l’adoption, la PMA et, pour finir, la GPA ?

Mme Véronique Massonneau. Et c’est reparti !

M. Olivier Dassault. Votre vision simpliste d’un monde divisé entre le bien et le mal n’existe que dans vos esprits. Ainsi, si des hétérosexuels soutiennent votre projet de loi, on peut être homosexuel et s’y opposer, comme l’a courageusement fait le maire de Chasselas…

Mme Elisabeth Pochon. Le mariage n’est pas une obligation !

M. Olivier Dassault. …car l’enjeu dépasse en effet les clivages politiques comme les préférences personnelles.
 
Permettez-moi de vous rappeler les termes utilisés dans les premières lignes de l’étude d’impact du projet de loi : le mariage est une « institution pluriséculaire » qui « pendant des siècles » fut « indissociable de la fondation d’une famille ».

M. Bernard Roman. Comment expliquez-vous que cela ait changé ?

M. Olivier Dassault. Pour la majorité d’entre nous, le fondement du mariage demeure l’union d’un homme et d’une femme pour avoir des enfants. Nous l’avons dit, répété, et le répéterons encore. Ces Français que vous prenez de haut ont eux aussi droit à la parole et ils sont venus vous le dire en masse et de manière consistante, comme l’a constaté le Président de la République, lors de la manifestation parisienne du 13 janvier dernier.
 
En 1998, Mme Guigou – que je salue –, alors garde des sceaux, s’élevait contre l’adoption par les couples homosexuels au motif que « le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes ».

M. Hervé Mariton. C’est vrai !

M. Olivier Dassault. Des propos de bon sens qui ne semblent plus avoir cours aujourd’hui : on ne va pas contre la volonté du prince.
 
D’ailleurs, est-elle si affirmée que cela ? Devant les maires de France, le Président n’a-t-il pas reconnu la liberté de conscience à ceux qui refuseraient de célébrer des mariages entre personne du même sexe ? Expression, il est vrai, retirée le lendemain sous la pression, notamment, du toujours vert Noël Mamère, qui n’hésita pas à la qualifier de « capitulation en rase campagne ».
 
D’où vient d’ailleurs cette soudaine passion de la gauche pour le mariage ? Celui-ci n’était-il pas « une institution bourgeoise répugnante », selon les mots même de Simone de Beauvoir lorsqu’elle refusa d’épouser Jean-Paul Sartre ?

M. Sergio Coronado. Il ne le lui a jamais demandé ! (Sourires)

M. Bernard Roman. Elle avait raison, Simone !

M. Olivier Dassault. Il semble désormais devenu l’alpha et l’oméga de la pensée de gauche. Quelle est la suite ? Les anarchistes défendant les vertus de l’État ? Étrange époque où gauche et droite s’affrontent à fronts renversés !
 
En revanche, j’ai cosigné la proposition de loi de notre collègue Daniel Fasquelle pour la création d’une alliance civile qui offrirait aux personnes du même sexe un cadre juridique à leur relation et une reconnaissance sociale.

M. Patrick Balkany. Très bien !

M. Olivier Dassault. L’Académie des sciences morales et politiques ne dit pas autre chose lorsqu’elle recommande la transformation du PACS en union civile, « une formule plus respectueuse de tous » ; on ne saurait mieux dire.

M. Marcel Rogemont. Ce ne sont que des mirages !

M. Olivier Dassault. Pour citer à nouveau Mme Guigou, « un couple, hétérosexuel ou homosexuel, n’a pas le droit à avoir un enfant en dehors de la procréation naturelle ».

M. Hervé Mariton. C’était exactement sa réponse !

M. Olivier Dassault. Autrement dit, il n’existe pas de droit à l’enfant pour qui que ce soit ! Une position fortement soutenue par la majorité de l’époque, si j’en crois les applaudissements sur les bancs socialistes.
 
Aujourd’hui pourtant, vous admettez la fiction que deux personnes de même sexe peuvent se substituer au père et à la mère d’un enfant. Notre devoir de législateur est donc de manier la plume avec une grande circonspection ; il en va des droits de l’enfant, lequel est, je vous le rappelle, une personne et non un objet.
 
Mes chers collègues, ne nous laissons pas emporter par les passions du moment, si fortes soient-elles. Laissons un débat apaisé reprendre ses droits. Madame la garde des sceaux, repoussez ce texte…

M. Bernard Roman. Elle ne peut pas ! Un ministre ne vote pas !

M. Olivier Dassault. Modifiez-le, cherchez le consensus, les Français vous en seront reconnaissants.
 
Pour finir, prêtons une oreille attentive à cette mise en garde prémonitoire d’Albert Camus : « Les générations qui nous ont précédés ont cru qu’elles avaient à refaire le monde, la nôtre devrait se contenter d’une mission : éviter que le monde ne se défasse. » (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


Partager :