Le Mariage Pour Tous
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mercredi 30 janvier 2013

JC Fromentin (29 janvier)

M. Jean-Christophe Fromantin.

Monsieur le président, madame la garde des sceaux, madame la ministre, chers collègues, les mots ne sont pas faciles à trouver, sur ce texte. Nous voyons, depuis le début de ce débat, combien beaucoup d’entre nous sont soucieux de dire des choses vraies, sincères, en étant de bonne foi. Nous sommes conscients que beaucoup attendent ce texte. Pour ma part, comme beaucoup de mes collègues du groupe UDI, je suis également soucieux de ne blesser personne. Et c’est certainement l’un des enjeux de ce texte. L’enjeu est autant dans la qualité du débat que nous aurons, que dans les conséquences ou l’impact que pourrait avoir ce texte dans les mois ou les années à venir. Permettez-moi, donc, de respecter la sincérité des uns et des autres. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.)
 
Au groupe UDI, nous nous sommes posé la question suivante : en fin de compte, quel est le cœur de ce texte ? À nos yeux, la loi doit être au service du bien commun. Et dans ce texte, le cœur de ce bien commun, c’est l’enfant. Il s’agit d’articuler le sens, le droit, ainsi que le principe d’égalité autour de ce bien commun que constitue l’enfant et auquel, quels que soient les bancs sur lesquels nous siégeons, nous sommes tous extrêmement sensibles.
 
Nous nous sommes posé cette question du sens. Quel est le sens initial du mariage ? Nous pensons – et ce n’est pas nous qui l’inventons, bien entendu – que le sens initial du mariage est quand même dans cette présomption de paternité, dans cette présomption de filiation dont l’objectif est de fixer le cadre de la famille. On peut contester cette présomption de filiation, on peut contester cette présomption de paternité,…

M. Matthias Fekl. Ne vous excusez pas, assumez !

M. Jean-Christophe Fromantin.

…on peut aussi la respecter et la comprendre, dans la mesure où l’idée initiale du mariage était de vérifier, de valider, d’institutionnaliser la présence d’un père dans une famille, et donc d’un cadre familial équilibré.
 
La deuxième question que nous nous sommes posée concerne l’interprétation du droit. Il est naturel de se demander quels sont les droits d’un couple hétérosexuel. Y a-t-il un droit à l’enfant, pour le couple hétérosexuel ? Je pense – et ce point de vue est majoritaire au sein de notre groupe – qu’il n’y a jamais eu de droit à l’enfant pour un couple hétérosexuel. Ce couple donne la vie, et le droit est là pour faciliter, respecter, organiser cette vie. Y a-t-il un droit à l’adoption ? Non, chers collègues, il n’y a pas de droit à l’adoption. Il y a un droit à la famille, pour des enfants qui n’ont pas de famille, mais pas de droit à l’adoption. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et UMP.)
 
Y a-t-il un droit à la PMA ? Non, chers collègues, il n’y a pas de droit à la PMA. La procréation médicalement assistée est un acte médical qui vient compenser un problème de stérilité au sein d’un couple hétérosexuel.
 
Il y a un droit à la famille, il n’y a pas de droit à l’enfant, ni de droit à la PMA. C’est pourquoi il y a une méprise dans l’usage que l’on fait de la notion de droit en abordant ce texte. Si l’on fait de l’enfant l’objet d’un droit, alors, au titre de ce droit, la PMA et la GPA viendront tout naturellement s’intégrer à ce texte, comme vous l’avez fait pour l’adoption. Nous sommes donc extrêmement critiques sur le texte dans la mesure où, c’est incontestable, on ouvre un droit à l’enfant.
 
Nous sommes tous attachés au principe d’égalité, mais, en fin de compte, ne prend-on pas le problème du mauvais côté ? Il y a dans un couple hétérosexuel et c’est la vie, une différence. Est-ce un handicap ou un atout ? Vous la voyez peut-être comme un handicap, nous la considérons comme un atout, l’altérité sexuelle donnant les conditions de l’équilibre, de l’épanouissement, de l’éducation, du rayonnement, de la progression, qui sont pour nous fondamentales.
 
Nous sommes donc opposés à ce texte dans la mesure où, sur le principe même du sens, sur le principe du droit, sur le principe de l’égalité, il nous semble se détourner de ce que nous partageons pourtant, ce qui nous paraît être le cœur du bien commun, l’enfant, son épanouissement, son éducation, son avenir et, quelque part, c’est aussi notre avenir. (Applaudissements sur de très nombreux bancs des groupes UDI et UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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