Le Mariage Pour Tous
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mercredi 1er mai 2013

Yves Fromion

M. Yves Fromion. Madame la garde des sceaux, nous voici donc à nouveau face à face : vous, portée à ce banc par la force injuste d’un projet de loi qui fait figure de pitoyable palliatif au référendum,…

M. Olivier Dussopt. Ça commence bien !

M. Yves Fromion. …une consultation qu’il eût pourtant été honorable, pour notre démocratie, d’organiser en pareilles circonstances ; nous, parlementaires de l’opposition, rassemblés par la force juste d’une cause qui fonde notre société, à savoir la famille et nos enfants.

M. Olivier Dussopt. Rien que cela ?

M. Yves Fromion. Vous prétendez promouvoir un idéal d’égalité, mais vous organisez le règne de l’arbitraire.
Mme Kheira Bouziane. Ne commencez donc pas comme cela, ce matin !
M. Yves Fromion. Vous vous apprêtez à faire usage de la force injuste de la loi détenue par votre majorité, laquelle est pourtant désavouée dans l’opinion, désavouée dans la rue, discréditée par des scandales et des échecs multiples et inquiétants.
 
Conformément au souhait du Président de la République, vous avez tout fait pour que votre projet soit clivant, soit un marqueur de votre passage aux affaires.
 
Au-delà de l’outrance risible mais provocatrice de vos propos sur le changement de civilisation, dont on mesure la réalité lorsqu’on se rend dans les pays qui ont déjà adopté le mariage homosexuel, vous avez volontairement chargé la barque portant votre projet en laissant entendre qu’il inclurait la procréation médicalement assistée et même la gestation pour autrui. Il fallait cliver !
 
Mais à semer le vent, vous avez récolté la tempête. Ce que vous n’aviez pas prévu, c’est le soulèvement populaire auquel vous êtes confrontée, avec l’opprobre qui s’abat sur vous. C’est d’ailleurs aux accents d’une marche non pas triomphale mais funèbre que vous concluez à la sauvette ce débat, cette entreprise de division des Français.
 
C’est ainsi que, outre les manœuvres de procédure dont nous avons déjà parlé, vous vous proposez de légiférer par ordonnance. De la sorte, dans le secret de votre cabinet, vous pourrez tout à votre aise torturer les différents codes qui organisent notre vie sociale. Dans le secret de votre cabinet, vous porterez à la famille les coups que la clameur populaire ne vous autorise plus à asséner aux yeux de tous. Quel naufrage ! Quelle atteinte est ainsi portée à notre démocratie ! Mais aussi, quelle victoire pour la résistance,…

M. Christophe Sirugue. La résistance ? On rêve !

M. Yves Fromion. …la résistance populaire qui fait trembler les puissants ou ceux qui croient l’être !

M. Jean-Marc Germain. Ne dévoyez pas le mot « résistance » ! C’est du conservatisme, pas de la résistance !

M. Yves Fromion. Comme nous n’allons pas refaire le débat, puisque vous êtes autistes, permettez-moi deux observations.
 
Aujourd’hui, les couples homosexuels disposent, comme les couples hétérosexuels, de toutes les facilités pour organiser leur vie sociale ou sentimentale, et c’est très bien ainsi.

M. Jean-Marc Germain. Ce n’est pas ce que vous disiez au moment du PACS !

M. Yves Fromion. Mais une partie plus radicale de la communauté homosexuelle exige que disparaisse de notre espace sociétal un symbole, le mariage, dont l’existence dans sa forme toujours actuelle est pour elle un rappel insupportable de la singularité de son choix de vie. C’est d’ailleurs pour cela que l’union civile est rejetée. Car, au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : effacer de l’espace sociétal une institution réservée aux seuls couples à même de mettre au monde des enfants et composés d’un homme et d’une femme, d’un père et d’une mère, une institution multimillénaire devenue soudain insupportable.

M. Olivier Dussopt. Quelle subtilité !

M. Yves Fromion. On décide donc aujourd’hui de défigurer le mariage comme d’autres mutilent les bouddhas en Afghanistan ou les saints de l’islam à Tombouctou. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) On détruit les symboles qui dérangent.
 
Pour autant, les couples homosexuels vont-ils s’approprier le mariage « relooké » pour eux, alors qu’ils ont tant brocardé cette institution dans les Gay Pride ? Rien n’est moins sûr, car ce n’est pas l’objectif qu’ils visaient. Attendons donc de voir !
 
Dans le prolongement du mariage, comme l’a voulu François Hollande, il y a l’ouverture de l’adoption aux couples homosexuels. C’est ce que votre gouvernement a mis dans la corbeille du mariage pour tous. Vous savez bien qu’elle est le prélude à la PMA et à la GPA, que souhaite une partie de votre majorité.

M. Bernard Roman. Arrêtez avec vos fantasmes !

M. Yves Fromion. Vous portez le lourd projet de la marchandisation et de l’instrumentalisation de la vie, et vos pitoyables dénégations rappellent ici à ceux qui les ont entendues en 1998 celles que formulait Mme Guigou, dont la présence s’est d’ailleurs faite fort rare sur vos bancs.
 
Vous savez aussi que la remise en cause du processus de l’adoption entraîne celle de l’établissement de la filiation. Mais vous n’en avez cure. Vous croyez porter une réforme de civilisation ; c’est pathétique !
 
L’adoption, c’est votre coup d’éclat. C’est la supériorité donnée au droit à l’enfant sur le droit de l’enfant. C’est l’avènement de l’enfant objet, de l’enfant de compagnie, de l’enfant privé du cadre multimillénaire que constituent un père et une mère identifiés, reconnus et responsables.
 
Dans une société où les enfants ont tant de mal à se repérer, à se construire, parce que trop d’adultes ne leur consacrent pas une attention suffisante, vous jouez aux apprentis sorciers en nous soumettant tous à votre délire idéologique.
 
Mais peut-être ne s’agit-il nullement d’un délire. Si l’on se réfère aux propos tenus ici même hier par Mme Buffet au nom du groupe communiste, le droit de l’enfant serait non pas d’avoir un père et une mère mais d’éprouver un bien-être grâce à l’affection dont il est entouré.

M. Bernard Roman. Eh oui !

M. Yves Fromion. Comment oser prononcer dans cet hémicycle des propos qui nous renvoient à une période, à une idéologie honnie de tous ? (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
 
On nous a rappelé que d’autres pays venaient d’adopter une législation proche de celle dont nous débattons et qu’il convenait donc de se conformer à ces exemples indiscutables. Cependant, madame la garde des sceaux, pourquoi votre gouvernement se bat-il – au demeurant tout à fait légitimement – pour préserver l’exception culturelle française dans la négociation entre l’Europe et les États-Unis ? L’exception familiale française ne vaudrait-elle pas autant que notre exception culturelle ? Ne serait-il pas légitime de la défendre avec la même vigueur, la même intensité, la même détermination ?
 
Vous ne nous convaincrez pas de vous suivre sur le chemin où vous vous engagez. Nous refusons le modèle de société Gay Pride que vous voulez nous imposer et dans lequel d’ailleurs énormément d’homosexuels ne se reconnaissent pas. Nous refusons ce modèle, comme vous l’ont signifié des millions de nos concitoyens qui depuis le mois de janvier sont descendus dans la rue et que vous tentez de caricaturer, de stigmatiser.
 
C’est à ces derniers que j’adresse ma conclusion : lorsque les puissants d’aujourd’hui auront été congédiés, nous redonnerons la parole au peuple en lui soumettant par référendum la question de savoir ce qu’il souhaite dans l’intérêt des familles et des enfants de France. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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