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mercredi 1er mai 2013

Éric Straumann

M. Éric Straumann. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, ministre de la justice, monsieur le président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, monsieur le rapporteur, ce texte qui ouvre le droit au mariage et à l’adoption conjointe aux couples de personnes de même sexe arrive à un moment particulièrement trouble de notre vie politique.
 
Les priorités des Français sont aujourd’hui bien ailleurs. Et nos débats sont totalement déphasés avec les préoccupations de nos concitoyens. Ils souhaitent à plus de 80 %, selon les dernières études d’opinion, que nous abordions en priorité la question du chômage. La santé arrive au deuxième rang des priorités, suivie de la lutte contre la délinquance. Le mariage pour tous n’est une priorité que pour 5 % des personnes interrogées. C’est pourtant sur ce sujet que notre gouvernement a décidé de concentrer son énergie et d’axer sa politique de début de mandat.
 
Jamais dans l’histoire de la Ve République un gouvernement n’a connu une telle dégringolade dans l’opinion.

Mme Marie-Christine Dalloz. C’est vrai !

M. Éric Straumann. Entre la première lecture du texte et aujourd’hui, le climat politique s’est singulièrement dégradé. Les cotes de popularité de François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont baissé de cinq points en un mois pour tomber à 26 %, si j’en crois un sondage qui a été réalisé du 5 au 10 avril dernier.
 
Seulement 26 % des personnes interrogées se déclarent satisfaites de l’action du président François Hollande – dont 3 % sont très satisfaites et 23 % assez satisfaites – contre 71 % – une progression de quatre points – qui en sont mécontentes.
 
En 2010, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale recommandait tout simplement au chef de l’État de l’époque de remanier le Gouvernement ou de dissoudre l’Assemblée nationale à la suite des révélations de Mediapart sur une supposée affaire Bettencourt. Nous sommes aujourd’hui témoins d’une affaire d’une gravité sans pareille à la tête de l’État : celle du compte suisse du ministre du budget en exercice. sans contestation possible, nous sommes aujourd’hui, pour reprendre l’expression de M. Cahuzac lui-même, dans une crise du régime, une crise politique, une crise morale. Cette crise est sans précédent depuis plus de quatre décennies dans notre République.
 
Le président de la commission des finances a proposé en 2010 la dissolution de l’Assemblée nationale, ajoutant : « Il est déjà arrivé qu’un Président de la République sentant sa légitimité chanceler en appelle au peuple qui seul est souverain et dont le verdict seul est sans appel. »
 
Pour sortir de cette grave crise, le premier secrétaire du parti socialiste, Harlem Désir, a proposé l’idée d’un référendum afin de permettre des réformes.

M. Jean-Marc Germain. Bonne lecture !

M. Éric Straumann. Devant de nouveaux adhérents au parti socialiste, il a déclaré à Limoges le 5 avril : « Nous devons donc organiser un véritable sursaut démocratique, remettre à plat tout ce qui doit l’être pour que les électeurs retrouvent confiance ».

M. Christophe Sirugue. Quel rapport ?

M. Éric Straumann. Il a ajouté que : « si le Président de la République veut saisir les Français, nous sommes totalement mobilisés pour faire adopter cette réforme. […] Je crois que les Français, s’ils sont appelés dans un référendum à s’exprimer sur ces sujets, diront qu’ils veulent une République exemplaire ».
 
Le mouvement contre ce texte n’a jamais faibli, malgré les adoptions en première lecture dans les deux assemblées. La colère monte dans le pays. Entre l’affaire Cahuzac et votre projet de mariage pour tous, nous sommes en train de créer un mélange détonnant.

M. Michel Issindou. C’est vous qui mélangez tout !

M. Éric Straumann. Nous le voyons autour de nous, une nouvelle génération de citoyens commence à s’engager dans le combat politique.

M. Nicolas Bays. Oui, au GUD et à Civitas !

M. Éric Straumann. Vous sentez comme nous la tension que vous avez fait naître. Retenez la proposition de votre premier secrétaire, organisez un référendum pour désamorcer la bombe que vous avez créée, écoutez le peuple ! Renoncez à ce texte qui accélérera vos difficultés si jamais il est adopté. Aux problèmes économiques, vous ajouterez une crise morale qui fera de vos quatre prochaines années de mandat une période intenable.
 
Je ne demande pas de changement de gouvernement (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC.) Je ne vous suggère pas la dissolution de l’Assemblée. Mais faites appel à nos concitoyens pour trancher le débat : ce référendum donnera un nouveau souffle à votre législature. Faute de quoi vous vous enfermerez dans une lente asphyxie qui paralysera inexorablement votre action. Retirez votre texte et donnez la parole au peuple ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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