Le Mariage Pour Tous
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Motion de renvoi en commission

  • Sergio Coronado

    1er mai 2013
    M. Sergio Coronado. Je crois pouvoir dire sans trop m’avancer qu’après deux mois et demi d’auditions, vingt-cinq heures de travail en commission, cent dix heures de débat dans cet hémicycle et cinquante heures de débat au Sénat, celles et ceux qui nous regardent, à la télévision ou dans les tribunes du public, doivent penser que les meilleures interventions sont les plus courtes. J’essaierai donc d’être bref, car dans ce débat, nous avons déjà identifié très largement les oppositions.
     
    Ce qui m’étonne – mais cela ne m’a pas totalement surpris de la part de notre collègue Mariton –, c’est que l’opposition a toujours recours aux mêmes annonces de faillite, de décadence et de crise généralisée. Dans le mouvement d’opposition à l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, j’ai l’impression que ce type de discours a été la règle. L’argumentaire apocalyptique a toujours été l’un des fondements du discours homophobe.
     
    Pour mémoire, je veux citer quelques propos tenus dans cet hémicycle à une époque pas si lointaine, qui pourraient vous faire réfléchir : « Contre l’intérêt général, vous avez cédé à la pression d’un groupuscule. L’engrenage est irréversible ; or, pardonnez-moi, cet engrenage-là est celui de la décadence. Il n’y a pas de honte, madame la garde des sceaux, à refuser la décadence ! » Ces propos sont ceux de Philippe Houillon.
     
    Quant à celle qui reste la plus célèbre des opposantes au PACS, et que je ne nommerai pas, elle déclarait : « Inféconde par nature, l’homosexualité ne répond pas aux critères démographiques et éducatifs qui fondent les devoirs de l’État. Toutes les civilisations qui l’ont reconnue et justifiée comme un mode de vie normal ont connu la décadence. » Nous sommes donc en décadence !
     
    Vous le savez, le PACS est devenu l’une des formes de conjugalité les plus prisées des couples hétérosexuels, qui composent aujourd’hui la majorité écrasante des couples pacsés. Vos annonces de faillite et de crise généralisée n’ont jamais été confirmées par les évolutions sociales. Cette fois, ce sera la même chose : une fois votée, cette loi rentrera dans les mœurs et sera considérée comme une avancée en termes d’égalité, et je m’en félicite.
     
    Je rappelle également que la volonté des hommes et de leurs représentants est le fondement de la loi dans un État laïc. Il n’existe pas d’ordre symbolique ou de loi naturelle qui devrait s’imposer au législateur : voilà ce qui nous distingue dans la manière dont nous envisageons la vie en société et le contrat social.
     
    Pour conclure, ce qui m’a profondément heurté dans l’intervention de notre collègue Mariton, c’est sa référence à l’article 16 bis. Nous en avons discuté en première lecture, et nous en avons de nouveau discuté en commission. Il est vrai que le Sénat a modifié la formulation de cet article et que, se référant aux travaux réalisés dans le cadre de la loi contre le harcèlement sexuel – texte que nous avions voté à l’unanimité dans cet hémicycle –, il a introduit la possibilité de faire valoir son orientation sexuelle pour s’opposer à une mutation professionnelle. Monsieur Mariton, vous interprétez cette avancée comme une obligation de coming-out.

    M. Hervé Mariton. Oui !

    M. Sergio Coronado. Après vous avoir entendu, je comprends que vous tolérez les homosexuels, à condition qu’ils soient cachés, dans l’ombre, dans le placard. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Aujourd’hui, nous avons décidé de leur donner la pleine égalité : je m’en félicite. C’est pourquoi le groupe écologiste rejettera votre motion de renvoi en commission. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
  • Alain Tourret

    1er mai 2013
    M. Alain Tourret. Monsieur Mariton, vous nous demandez donc de passer encore quelques centaines d’heures avec vous ?

    Plusieurs députés du groupe UMP. Oui !

    M. Alain Tourret. Estimez-vous que c’est vraiment utile, au moment où la France connaît une crise économique aussi grave ? (Sourires et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC. – Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Ne voulez-vous pas discuter de la situation économique de la France ? Ne voulez-vous pas discuter de la situation sociale de la France, des chômeurs ? (Protestations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
     
    Par un renvoi en commission qui polluerait la situation, vous nous empêcheriez de traiter les véritables problèmes : celui des contrats d’avenir, celui des contrats de génération et celui de la situation budgétaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Vous avez décidé de faire l’impasse sur ces sujets. Eh bien, non ! Nous, nous voulons discuter de la situation économique le plus vite possible, et opposer notre vision sociale-démocrate à votre vision conservatrice de la société. Nous voulons discuter ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
  • Marie George Buffet

    1er mai 2013
    Mme Marie-George Buffet. Monsieur Mariton, vous avez défendu une motion de renvoi en commission. Pour quoi faire ? Compte tenu du nombre d’amendements que vous avez déposés – plus de 500 – et de la façon dont vous les avez défendus en première lecture, nous avons vraiment pu aborder tous les détails et les enjeux les plus importants de cette loi.

    M. Yves Censi. Nous les avons seulement abordés !

    Mme Marie-George Buffet. Nous avons pu aborder toutes les questions.

    M. Yves Fromion. Vos réponses ne nous conviennent pas !

    Mme Marie-George Buffet. Vous dites que vous voulez retravailler la loi – c’est votre deuxième argument. Mais, monsieur Mariton, vous avez expliqué en première lecture que vous étiez fondamentalement opposé à l’ouverture du mariage pour tous et toutes. Dans votre esprit, il ne s’agit donc pas de retravailler la loi, mais de faire obstacle à cette loi de progrès et d’égalité : voilà le véritable problème ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

    M. Patrice Verchère. Nous voulons simplement vous convaincre !

    Mme Marie-George Buffet. Chers collègues de l’opposition, vous affirmez que, si vous redevenez un jour majoritaires, vous reviendrez sur cette loi.

    M. Yves Fromion. En effet !

    Mme Marie-George Buffet. Je fais le pari qu’après le vote de cette loi, les premiers mariages apporteront tellement de joie qu’ils constitueront, au contraire, un signe de confiance et de bonheur,…

    M. Patrice Verchère. Attendons les divorces !

    Mme Marie-George Buffet. …et que vous ne pourrez jamais revenir sur cette loi, parce qu’elle appartiendra à tous les Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SRC, écologiste et RRDP.)

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Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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