M. Patrick Ollier. Amertume, tristesse, déception, je suis partagé entre ces sentiments, madame la ministre.Parlons d’abord de la méthode. Comment êtes-vous arrivée à refuser de vous adresser au peuple à travers un référendum pour un sujet que vous avez qualifié vous-même de changement de civilisation ? Comment imaginer que le gouvernement socialiste qui, tout naturellement, devrait être tenté d’aller vers le peuple, ait refusé de le consulter pour ce changement si important ?Mes collègues ont déjà parlé de tout ce qui s’est passé : méthode chaotique, marche forcée et, à la fin, la surprise après l’examen du texte au Sénat, les ordonnances, pour des raisons que nous n’arrivons pas à nous expliquer. Vous dites vous-même que le travail est achevé. Pourquoi ne pas être allée jusqu’au bout à l’Assemblée ? Pourquoi recourir à des ordonnances, ce qui va vous conduire à revenir devant nous au mois d’octobre ?
M. Jean-Frédéric Poisson. Eh oui !
M. Patrick Ollier. Est-ce du masochisme ? Cherchez-vous la difficulté ? Si c’est le cas, vous allez la trouver…
M. Jean-Frédéric Poisson. Ça, c’est sûr !
M. Patrick Ollier. …car, en octobre, nous serons en face de vous et l’opposition défendra encore ses convictions.
M. Charles de La Verpillière. Mais dans quel état sera le Gouvernement ?
M. Patrick Ollier. Une telle méthode de travail va intéresser le Conseil constitutionnel, nous en sommes certains.Vous manquez de respect, madame la ministre, à l’égard de notre conception du mariage, de notre conception de la famille, de notre attachement au caractère symbolique, mais aussi affectif de l’existence du père et de la mère. Comment faire preuve d’autant de mépris vis-à-vis de tout cela ?Non pas de votre part, mais nous avons essuyé des quolibets de la majorité pendant ces débats, des quolibets qui nous ont fait souffrir, parce que nous sommes meurtris dans nos convictions, celles de millions de Français qui soutiennent notre position, celles de plus d’un million et demi d’entre eux qui ont le courage d’aller dans la rue pour manifester contre ce projet.On voit arriver en catimini la théorie du genre.
M. Marc Le Fur. Très juste !
M. Patrick Ollier. J’insiste sur ce point car votre objectif est bien l’égalité par la suppression de la différence des sexes. Nous, nous voulons l’égalité dans la différence de traitement et nous pensons que la bonne solution pour répondre à cette ambition d’assurer l’égalité aux homosexuels est de leur reconnaître le droit à l’amour, le droit à contracter une union civile en mairie, avec les mêmes droits sociaux, patrimoniaux et successoraux.Théorie du genre aussi pour la filiation, avec le refus de la conception de l’engendrement pour établir la filiation. Il est absolument ahurissant que vous supprimiez une telle notion. Vous allez nous dire ensuite qu’il n’est pas question de PMA et de GPA, mais même si, au fond de moi, je vous crois sincère, vous ne pourrez pas empêcher le rouleau compresseur de l’opinion que vous avez soutenue dans ce projet, et vous nous trouverez encore, bien entendu, en travers de ce chemin.Nous défendons le droit des enfants et non pas le droit à l’enfant, et cette loi élaborée pour 100 000 couples environ, pour 200 000 personnes, est une offense pour les 62 millions de Français qui ont une autre position.Ce refus d’entendre les Français va tout naturellement vous conduire à vous retrouver encore en face de nous. Je vous l’ai démontré, vous n’avez pas reçu de mandat des Français pour faire une telle transformation. Ce changement de civilisation, vous voulez nous l’imposer. Vous avez la majorité, vous allez pouvoir le faire mais, dès que les Français auront retrouvé le chemin de la confiance vers l’opposition, une fois que nous serons de retour au pouvoir, nous changerons cette loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)