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samedi 6 avril 2013

David Assouline

M. le président. La parole est à M. David Assouline.

M. David Assouline. Monsieur le président, mesdames les ministres, madame, monsieur les rapporteurs, mes chers collègues, beaucoup de choses ont déjà été dites sur le fond, synthétisant tous les enjeux du débat qui anime notre pays depuis plus d’un an.
 
Devant les Français, durant la campagne présidentielle, le candidat François Hollande a affirmé haut et fort son engagement 31 face à l’ancien Président de la République, qui expliquait son opposition à ce droit.
 
Ce sont 18 millions de nos concitoyens qui ont voté en faveur de François Hollande ! (Marques d’approbation sur les travées du groupe socialiste.)
 
Je rappelle ce chiffre, parce que j’en ai entendu d’autres au sujet du nombre de pétitionnaires, du nombre de manifestants, lesquels ont tout à fait raison d’utiliser tous les moyens qu’offre la démocratie – du moment que ces moyens demeurent pacifiques – pour faire entendre leur point de vue et pour essayer de convaincre.
 
Je rappelle ce chiffre, qui est celui du suffrage universel, par lequel se manifeste la volonté du peuple et sur lequel se fonde notre démocratie.
 
Depuis lors, nous n’avons pas été convaincus par vos arguments. En dépit des milliers d’heures de télévision et de radio, en dépit des milliers de pages publiés par la presse écrite, en dépit des cent heures de débat en séance plénière à l’Assemblée nationale, des dix heures de discussions, ici, en commission et des quarante heures d’auditions, j’entends encore certains dire que nous voudrions étouffer le débat.
 
Non, nous n’avons pas été convaincus, car rien ne justifie l’inégalité entre homosexuels et hétérosexuels, rien ne justifie de renoncer à instaurer le même droit au mariage civil ainsi que les mêmes protections pour les homosexuels et les enfants qu’ils élèvent et dont ils ont la charge.
 
M. Leleux, tout à l’heure, nous invitait à peser nos mots, à faire attention aux termes que nous employons. Alors, je veux lui dire que, depuis quelque temps, les limites sont dépassées.
 
Devant le Sénat de la République laïque, a eu lieu ce soir une manifestation, ou plus exactement une prière de rue. L’Agence France-Presse relate les propos tenus par un homme portant une grande croix : « La France mérite châtiment si elle autorise le mariage des sodomites. » Voilà quels étaient les propos tenus devant le Sénat par les opposants au texte !
 
Certes, nos débats sont feutrés, mais ces propos sont une réalité. Alors, oui, il faut faire attention aux mots, monsieur Leleux !
 
L’hebdomadaire Valeurs Actuelles, quant à lui, rapporte les propos de l’ancien Président de la République : « Quand on pense que le sujet du moment, c’est la traçabilité du bifteck ! Tout le monde veut savoir s’il y a du cheval dans ce qu’on mange. Mais la traçabilité des enfants, qu’est-ce qu’on en fait ? C’est tout de même plus important. Avec leur “mariage pour tous”, la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui, bientôt, ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant. Et le petit, plus tard, quand il demandera qui sont ses parents ? On lui répondra : “Désolé, il n’y a pas de traçabilité”. »
 
Vous me permettrez également de citer les propos tenus en séance publique par un député UMP : comparant un homosexuel à un terroriste, il déclare que ce dernier « n’a jamais rencontré l’autorité paternelle, il n’a jamais eu à se confronter avec des limites et avec un cadre parental, il n’a jamais eu la possibilité de savoir ce qui est faisable ou non faisable, ce qui est bien ou mal ». Je vous épargnerai son nom.
 
Écoutez également ces propos tenus dans une organisation qui appelle chaque fois à manifester contre le mariage pour tous, l’Union des organisations islamiques de France, l’UOIF, vous savez, celle qui invite des prédicateurs salafistes radicaux à ses réunions : « Qui pourra délégitimer la zoophilie, la polyandrie au nom du sacro-saint amour ? Ne sommes-nous pas en train de suivre une voie où le principe d’égalité ne serait plus défini par des limites et des normes communes, mais par des perceptions personnelles aussi égoïstes et affectives puissent-elles l’être ? »
 
Et Mme Barjot, sympathique animatrice de ces manifestations,…

M. Jean-Michel Baylet. Non, elle n’est pas sympathique du tout !

M. David Assouline. … s’est rendue le week-end dernier, sur son invitation, au congrès de cette organisation pour leur dire qu’elle et eux partageaient le même combat. Alors, oui, attention aux mots !
 
Je conclurai mon propos…

M. Philippe Bas. Concluez !

M. David Assouline. … en vous racontant une petite anecdote qui a son importance dans la vie d’un engagement.
 
À la suite de la dernière manifestation, j’ai participé à un débat avec M. Mariton. De retour chez moi, j’ouvre ma page Facebook et lis le post d’un militant antimariage homosexuel bien identifié, qu’il le sache : « Crève ! »
 
Le lendemain, à mon bureau, je reçois un petit message qui dénote une autre conception de la vie et de la société : « Monsieur le sénateur David Assouline, c’est en tant que chrétienne profondément attachée à la laïcité et au mariage civil que je me permets de vous envoyer ce message. Je suis pour le mariage pour tous et, entre autres raisons, pour protéger les enfants de l’amour partagé au sein d’un couple de même sexe, les enfants nés homosexuels au sein d’un couple hétérosexuel homophobe. Le taux de suicide des adolescents issus de ces familles est dramatiquement élevé. Merci de votre soutien à cette loi pour le mariage pour tous, tenez bon. Une citoyenne en âge d’être grand-mère. » (M. Alain Gournac rit.)
 
À cette dame, je réponds que nous ne lâcherons pas, parce que ces valeurs-là, cette générosité-là nous donnent une énergie énorme pour continuer à progresser dans la voie de l’égalité. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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