Le Mariage Pour Tous
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jeudi 31 janvier 2013

Y. Galut (30 janvier)

M. Yann Galut

. Madame la garde des sceaux, madame la ministre, mes chers collègues, il y a quinze ans, dans cet hémicycle, nous votions le Pacte civil de solidarité. Le PACS a été une première avancée majeure dans notre pays dans la reconnaissance des droits aux couples de personnes de même sexe.
 
Aujourd’hui, nous parachevons cette avancée en ouvrant l’institution du mariage à l’ensemble de nos concitoyens qui seront, maintenant, égaux en devoirs et en droits face au mariage. Cette avancée va permettre aux couples homosexuels, qui subissent la discrimination depuis trop longtemps, d’obtenir le droit à l’égalité, à la reconnaissance de leurs familles, le droit à l’indifférence. Cette loi va, enfin, donner aux enfants de couples homosexuels une reconnaissance légitime et permettre la sécurisation de leur famille.
 
Je suis fier, comme l’ensemble des parlementaires de gauche, mais aussi comme quelques parlementaires trop peu nombreux de droite, de participer à cette œuvre de justice et d’égalité dans le cadre de notre conception de la République.

M. Christian Jacob. Et le droit d’expression !

M. Yann Galut

. Nous sommes fiers d’ouvrir des droits aux homosexuels sans en retirer à personne ! En effet, cette loi ne changera rien pour les couples hétérosexuels.

M. Hervé Mariton. C’est faux !

M. Thomas Thévenoud. Si, c’est vrai !

M. Yann Galut.

Telle est notre conception du progrès social.
 
Cependant, je dois vous avouer que je suis atterré par les arguments de nombre de nos collègues de droite qui sont très exactement les mêmes que ceux d’il y quinze ans. Certes, les propos se sont policés pour certains, mais l’orientation idéologique reste la même. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.) On sent poindre un sentiment d’homophobie qui était déjà présent en 1998, dans les propos de M. Myard, qui affirmait à l’époque en séance du 7 novembre 1998 que « Le PACS est un coup porté aux familles et à la société [qui] traduit une véritable confusion mentale rare » (Exclamations sur les mêmes bancs) ; ou de votre référence, Mme Boutin (Mêmes mouvements), laquelle s’inquiétait que « L’homosexualité [ne devienne] une référence sociale et institutionnelle » et osait dire qu’« une société qui mettrait sur le même plan l’homosexualité et l’hétérosexualité travaillerait à sa propre disparition. C’était la séance du 3 novembre 1998.

M. Hervé Mariton. Trouvez les arguments de 2013 !

M. le président. S’il vous plaît !

M. Yann Galut

Dans les interventions qu’on a pu entendre depuis hier, on constate que la droite n’a pas changé. Pire, elle se rapproche de l’extrême droite (« Ah ! » sur de nombreux bancs du groupe UMP)…

M. Philippe Gosselin. On l’attendait !

M. Yann Galut.

…avec laquelle elle signe des amendements communs dans ce débat – des députés UMP ont cosigné l’amendement n° 55 avec des députés du Front national, chers collègues ! –, revendiquant ainsi sa vision conservatrice et rétrograde de la famille !

M. Christian Jacob. Vous n’avez pas manifesté ?

M. Yann Galut.

Mais, vous devez le savoir, mes chers collègues, il n’y a pas un seul modèle de famille dans ce pays, il y a des familles plurielles et les familles homoparentales sont blessées par la violence des mots qu’elles entendent à leur sujet. Et on peut aisément imaginer l’impact des propos homophobes qui ont pu être tenus, ces derniers mois, sur les enfants de ces familles, dont l’existence même est récusée, dont la légitimité est contestée, qui se voient traitées de « fausses familles » !

M. Hervé Mariton. Par qui ?

M. Yann Galut.

Les dizaines de milliers de familles homoparentales vivant en France souffrent de ce que vous les niez, au mépris des réalités sociologiques et au mépris des 63 % de Français qui, eux, les reconnaissent ! Alors que vous avez du mal à justifier votre position sur le fond…

M. Jean-Frédéric Poisson. Absolument pas !

M. Yann Galut.

…vous tentez une diversion en expliquant qu’il ne peut y avoir que le référendum pour trancher cette question. À travers cette position, vous nous faites un procès en illégitimité. Pour vous, nous aurions gagné la présidentielle par effraction, nous serions des usurpateurs et il faudrait s’adresser directement au peuple sur ce sujet…

M. Christian Jacob. Eh oui !

M. Yann Galut.

…mais aussi sur d’autres. Or votre cynisme et votre démagogie sont sans limites, puisque vous savez que, dans cette matière sociétale, le référendum n’a pas lieu d’être, comme l’indique l’article 11 de notre Constitution. Et c’est vous-mêmes, rappelez-vous, qui vous êtes opposés à ce que le référendum soit ouvert aux sujets de société dans notre pays en 1995, une première fois, et de nouveau en 2008, lors de la révision voulue par Nicolas Sarkozy, et ce par le biais d’un amendement pourtant présenté par un de vos collègues.
 
Enfin, au-delà de l’attaque frontale sur notre légitimité, en reprenant une des propositions phare de votre candidat Nicolas Sarkozy lors des dernières élections présidentielles, vous dévalorisez le rôle du Parlement, qui a toute sa place dans ce débat.
 
Depuis des mois, en effet, la société française discute de ce texte dans des conversations privées, à la télévision et au cours des auditions organisées par les commissions de l’Assemblée et par notre rapporteur.

M. Hervé Mariton. Partielles et partiales !

M. Yann Galut.

Vous étiez, alors, très souvent absents !

M. Hervé Mariton. Faux ! Et où est le rapporteur ? Et, vous, où étiez-vous, mon cher collègue ? Où étiez-vous ?

M. Yann Galut.

Les Français se sont mobilisés, certes de manières différentes. Ils se sont exprimés. Et nous allons, maintenant, débattre dans cet hémicycle pendant quinze jours, après l’avoir fait en commission. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Le débat, contrairement à ce que vous affirmez, a donc eu lieu, et il est public ! (Exclamations sur les mêmes bancs.) Et d’ailleurs les Français viennent encore dans un sondage paru aujourd’hui, de renouveler leur soutien au mariage pour tous, tout en estimant désormais que le débat a trop duré.
 
En conclusion, je ne peux que condamner les glissements graves de certains d’entre vous, dont la dérive n’est plus seulement sémantique, mais idéologique et qui va de plus en plus sur le terrain de l’extrême droite ! (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Hervé Mariton. Sectaire !

M. Yann Galut.

Face à cela, nous répondons avec notre vision de la République et de la France et le vote de ce texte s’inscrit pleinement dans notre volonté de porter haut et fort notre devise « liberté, égalité, fraternité. » (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Paul Molac et M. Marc Dolez. Très bien !

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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