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mercredi 1er mai 2013

Philippe Gosselin

M. Philippe Gosselin. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des lois, mes chers collègues, nous voici donc au terme de nos débats. J’avoue ressentir un peu de tristesse, une forme, sans doute, d’amertume, non pas tant par rapport au sujet qui nous occupe qu’en raison de la façon dont, cette nuit, nos débats se sont déroulés. J’éprouve un sentiment d’inachevé, avec des arguments qui n’ont pas pu être présentés, développés. Le temps guillotine, qui porte bien son nom, a frappé.
 
Oui, le temps partagé, malheureusement, par la majorité est un temps réduit à la portion congrue, c’est le temps programmé. C’est le temps aussi, on l’a un peu vu avec la cavalcade des amendements, de la mascarade. Cet abattage des amendements – je crois qu’il n’y a pas d’autre mot – a donné lieu, malheureusement, à une scène de grand-guignol, et je le regrette vraiment profondément. Le choix, pour un tel débat, en deuxième lecture – je devrais dire en seconde lecture, puisqu’il est désormais acquis que ce texte sera adopté conforme…
 
Bonsoir, monsieur le président de la commission des lois ! J’imagine que mon propos ne vous intéresse guère. Ne vous retournez pas, ne m’écoutez pas, et ne semblez pas prêter attention à mes propos !

Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. Nous les lui raconterons !

M. Erwann Binet, rapporteur. Je suis là, moi !

M. Philippe Gosselin. Il reste M. le rapporteur, effectivement.

M. Erwann Binet, rapporteur. Et je lui rapporterai ! (Sourires.)

M. Philippe Gosselin. Je n’en doute pas, mais je comprends que le président Urvoas, à cette heure-ci, soit fatigué.

Mme Claude Greff. Pourquoi donc ? Il n’a rien dit !

M. Philippe Gosselin. Il reste donc un sentiment d’inachevé, à six heures du matin. Le temps programmé à la dernière minute, en catastrophe, la semaine dernière, sur un texte grave, nous mène jusqu’au petit matin. Je récuse toujours cette façon de procéder. Le grand débat que nous aurions souhaité, sous la forme d’états généraux, n’a pas eu lieu, la grande commission spéciale que nous appelions de nos vœux n’a pas été constituée, le comité consultatif national d’éthique n’a pas été consulté. Je ne reviendrai pas sur tous ces éléments. Tout a été dit, et, le moment venu, chacun les pèsera et les soupèsera.
 
Je suis évidemment plus préoccupé par le fond de la question, qui n’est pas tant celle de la reconnaissance de l’amour de deux personnes l’une pour l’autre, qui aurait très bien pu prendre la forme d’une union civile, ou d’une alliance, tout était possible. Ce n’était pas tant cette question, celle de l’intérêt légitime de la protection d’un être cher, que celles soulevées par la filiation, et d’autres qui ne manqueront pas de se poser rapidement : la procréation médicalement assistée, les mères porteuses. Il est temps de dénoncer à nouveau, ici, cet effet de dominos. Nous lutterons pour empêcher la chute des dominos suivants.
 
Non, vraiment, cette marchandisation des corps, cette réification, ce n’est pas notre vision de la société. Ce n’est pas ce dumping éthique que je souhaite promouvoir pour ce pays, pour ses citoyens et citoyennes. Non, ce sont d’autres valeurs, plus humanistes, qui me paraissent plus importantes, plus nobles.
 
Ce n’est pas l’amour qui est en cause, ce sont les conséquences juridiques que l’on y attache.
 
Ce soir et mardi prochain, nous franchissons sans doute un pas, mais ce n’est qu’une étape. Le Conseil constitutionnel sera saisi. Et, compte tenu de tout ce qui a été dit de ce bricolage, tout au long de la première lecture de ce texte, que nous avons tenté de rappeler en évoquant tel ou tel point, je ne doute pas que le grand meccano que vous nous avez présenté, madame la garde des sceaux,…

M. le président. Merci. C’est terminé, monsieur Gosselin.

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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