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mardi 30 avril 2013

Christian Cambon

M. Christian Cambon. Madame la présidente, mesdames les ministres, mes chers collègues, nous voilà donc parvenus au terme de ce débat.
 
Dans quelques minutes, madame la garde des sceaux, vous pourrez goûter la satisfaction d’une promesse tenue – enfin une ! – par le Président de la République. Quitte à avoir perdu le combat de la morale, quitte à perdre celui de la croissance et de la lutte contre le chômage,… (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. François Rebsamen. Attendez un peu !

M. Christian Cambon. … autant gagner sur le front des réformes de société. Celles-là, au moins, ne coûtent pas cher !

Mme Michelle Meunier, rapporteur pour avis. Caricature !

M. Christian Cambon. Cette réforme donnera au moins satisfaction à un groupe de pression parisien très branché, l’association LGBT – pour lesbiennes, gays, bisexuels et trans –, qui sera devenue ainsi le logiciel de toute pensée en la matière !
 
Chers collègues de gauche élus en province, il vous sera utile de raconter tout cela dans vos réunions locales. Croyez-moi, le succès sera garanti ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

M. François Rebsamen. Je n’y manquerai pas !

M. Jean-Pierre Godefroy. Pour qui nous prenez-vous ?

M. Christian Cambon. Ainsi, le bel édifice du mariage qui, depuis des siècles, a organisé la rencontre d’un homme et d’une femme souhaitant construire leur vie ensemble et se faire ce don réciproque de concevoir et d’élever un enfant, aura vécu.
 
Vous vous serez obstinés jusqu’au bout à en détourner le contenu au profit d’une autre union, tout aussi respectable, mais tellement différente, l’union de deux personnes du même sexe.
 
Au terme de ce débat, c’est un sentiment de triple gâchis que nombre de collègues ressentent aujourd’hui.
 
Gâchis dans la méthode, tout d’abord : effectif minimal de vos groupes, utilisation compulsive du scrutin public – cela ne trompe pas, c’est le signe d’un verrouillage du débat. Or, en d’autres temps, nous avons connu cette situation, à front renversé, et nous l’avons payé très cher ensuite.
 
Plutôt que d’adresser des compliments flatteurs et forcés à nos chefs de file, madame la garde des sceaux, vous auriez été mieux inspirée de prendre en compte leurs amendements. Existe-t-il un autre parlement démocratique au monde où une réforme d’une telle importance et d’une telle violence n’aura tenu compte que de deux amendements de l’opposition, qui plus est mineurs ?
 
Est-ce cela, la France apaisée et unifiée voulue par M. Hollande ? Est-ce cela, monsieur Bel, la nouvelle démocratie parlementaire que vous appeliez de vos vœux lors de votre élection à la présidence du Sénat ?
 
Gâchis sur le fond, ensuite : ce débat divise les Français que nous aurions pu réunir en votant une union civile, comme tant d’autres pays européens. Notre majorité, en d’autres temps, aurait dû le faire. Votre majorité aussi aurait pu mieux faire. Aujourd’hui, vous redonnerez avec ce vote plus de force et plus d’ampleur à la protestation.

M. François Rebsamen. Nous verrons !

M. Christian Cambon. Le sentiment de millions de Français de ne pas avoir été entendus est appelé à se manifester, dès à présent dans les sondages, demain au fond des urnes.
 
Aussi, vous pouvez ricaner à propos de ces familles qui croient encore que l’enfant est un don et non pas un droit. Vous pourrez leur expliquer le principe de la société dont vous rêvez : « J’ai envie, donc j’y ai droit ».
 
Vous pourrez citer la constatation goguenarde du président de la commission des lois, selon lequel « la société change, c’est ainsi, il faut accompagner le mouvement ! »

Mme Michelle Meunier, rapporteur pour avis. Caricature, encore !

M. Christian Cambon. Ce n’est sûrement pas avec des jugements d’une telle portée que les juristes dont les statues nous regardent dans cet hémicycle ont écrit les quelques règles intangibles d’un droit que le monde entier nous envie.
 
Gâchis, enfin, pour le Sénat : la Haute Assemblée ne vivra pas aujourd’hui un de ses jours glorieux.

M. David Assouline. Ah, si !

M. Christian Cambon. Chaque jour du débat, nous avons découvert la portée inquiétante, voire dramatique, de certaines dispositions du texte, notamment pour le nom ou le régime d’adoption. Plutôt que de répondre à sa belle mission de seconde chambre en améliorant ce texte, le Sénat s’est contenté d’être une chambre d’enregistrement, consignant toutefois nos mises en garde, nos appels à une réforme nécessaire, mais comprise et acceptée par tout le pays.
 
Cependant, vous n’en avez cure. L’important, pour vous, c’était que la gauche emporte une victoire, quel qu’en soit le prix, pour laisser croire au peuple que vous tenez vos promesses !
 
Aussi, maintenant, assumez vos responsabilités,…

M. Marc Daunis. On a l’habitude !

M. Christian Cambon. … mais apprêtez-vous aussi à vivre la suite du film. Hier encore, pour la cinquième fois en dix mois, le Conseil constitutionnel vous a sanctionné ! Le combat n’est pas fini. Et lorsque le Conseil constitutionnel aura parlé, vous n’attendrez pas longtemps avant de mesurer le rejet de votre politique, car celle-ci non seulement ne résout aucun des problèmes des Français, mais, aujourd’hui, divise la France. (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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