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jeudi 31 janvier 2013

C. Khirouni (30 janvier)

Mme Chaynesse Khirouni.

Monsieur le président, mesdames les ministres, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, j’aimerais vous dire mon émotion et ma fierté de défendre cette loi pour l’égalité des droits. J’ai également une pensée pour ces citoyens et citoyennes qui m’ont écrit, qui sont venus me rencontrer et qui attendent, avec espoir, le vote de cette loi, depuis tant d’années.
 
Depuis toujours, les gays et les lesbiennes ont été maintenus en marge de notre société. Certes, la gauche a fait progresser la lutte contre les discriminations en dépénalisant l’homosexualité en 1982 et en créant le PACS il y a quatorze ans, mais il existe toujours une différence de droits et de devoirs entre citoyens dans le code civil.
 
Aujourd’hui, en 2013, la gauche propose l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe. Après des mois de débats, l’argument avancé par nos opposants est toujours le même. Il s’agirait, au nom d’un ordre naturel, de ne pas déstabiliser une institution séculaire. En ouvrant le mariage aux homosexuels, nous provoquerions le chaos dans notre société. Dans une sorte de déni de la réalité sociale, on nous oppose l’immuabilité d’un vieux modèle familial fondé sur la complémentarité d’une femme et d’un homme.
 
Cette objection n’est pas nouvelle. Comme nous le rappelle si justement Elisabeth Roudinesco, « il existe un tréfonds de panique chez quelques-uns depuis la fin du dix-neuvième siècle,…

M. Hervé Mariton. Personne n’est si vieux, ici !

Mme Chaynesse Khirouni.

…au moment où se sont accélérées les transformations de la famille. Divorce, travail des femmes, avortement, à chaque fois, c’est la même panique. »
 
Dans une société en marche, l’être humain s’affranchit des anciens modèles. L’accession au mariage et à l’adoption pour les couples de personnes de même sexe n’est nullement un renoncement aux valeurs qui fondent notre société. Elle est, au contraire, un grand pas vers l’égalité des droits entre les citoyens. Et c’est pour cette raison que nous refusons la proposition de certains, à droite, de créer un contrat d’union civile.
 
Ce sont les mêmes qui pourfendaient le PACS hier et qui nous proposent aujourd’hui un sous-mariage, réservé aux homosexuels.

M. Marcel Rogemont. Ce n’est pas très adroit !

Mme Chaynesse Khirouni.

Depuis plusieurs mois maintenant, nous entendons chaque jour dans les médias les propos des opposants au mariage pour les couples de même sexe. Au-delà du débat légitime et des questionnements, certains ont laissé libre cours à leur homophobie. Et je n’évoquerai pas, ici, les insultes et les propos outranciers que nous avons tous reçus sur nos boîtes mail et dans de nombreux courriers.
 
J’ai rencontré de nombreux gays et lesbiennes. Ils m’ont confié leur parcours de vie. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient plus ressenti cette détestation, cette négation de leur identité depuis leur adolescence.
 
Je pense ainsi à ces enfances passées à raser les murs de l’école, pour éviter les insultes, pour éviter ceux qui les répétaient jour après jour, mois après mois, année après année.

M. Jacques Myard. Misérabilisme !

M. Yves Censi. Ce n’est pas le même sujet !

Mme Chaynesse Khirouni.

Ils nous disent : « Depuis quelques semaines, chaque fois que j’entends certains détracteurs du mariage pour tous, leur mauvaise foi, leurs arguments homophobes, parfois sans qu’ils en aient conscience, chaque fois que je les entends, j’ai mal. C’est comme une entaille, comme une blessure qu’on creuse. Chaque fois que je les entends, j’ai six ans dans la cour de l’école et j’ai mal. »

M. Hervé Mariton. Souffrez de nous entendre !

Mme Chaynesse Khirouni.

Devenus adultes, ils ont eu la force de dépasser tout cela, de construire, d’assumer ce qu’ils sont, d’aimer et d’être aimés, de faire famille et d’avoir des enfants. L’heure est venue, pour le législateur, de reconnaître ces couples et ces familles.
 
L’heure est venue, mes chers collègues, de sortir ces familles et leurs enfants de l’insécurité juridique.
 
L’heure est venue, mes chers collègues, enfin, de reconnaître tout simplement qu’ils sont des citoyens à part entière et de dire aux gays et aux lesbiennes :vous pouvez être fiers de ce que vous êtes, soyez fiers de votre combat pour l’égalité des droits.
 
Oui, vraiment, chers collègues, il est plus que temps de nous rassembler pour mettre fin à cette discrimination.
 
Pour conclure, madame la garde des sceaux, madame la ministre, je vous rappellerai les paroles qu’a prononcées, à cette tribune, un jeune député, alors qu’il était rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Aristide Briand déclarait alors : « le projet que nous proposons n’est pas une œuvre de passion, mais de justice ». Madame la garde des sceaux, madame la ministre, votre loi s’inscrit dans cette grande lignée qui fait honneur à notre République. Soyez assurées que nous serons à vos côtés pour voter cette loi juste qui reconnaît et protège toutes les familles. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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