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mercredi 1er mai 2013

Bruno Leroux

M. Bruno Le Roux. De façon très calme, très sereine, je dirai que, contrairement à Christian Jacob, nous sommes ici pour que le mariage ne concerne plus simplement un homme et une femme.
 
Vous avez fait référence à ce qu’était cette institution, monsieur Jacob. Nous assumons notre volonté de faire en sorte que, aux évolutions de la société, corresponde une évolution dans notre droit de ce qu’est l’institution du mariage. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici et, par votre première phrase, vous avez résumé toute la différence qu’il peut y avoir entre nous.
 
Nous avons effectué un travail considérable. Peu de textes sur les grandes questions de société ont fait l’objet d’un débat public aussi fort, aussi bien organisé, aussi à l’écoute de la société que celui que nous avons mené dans cette assemblée et lors des auditions.

Plusieurs députés du groupe UMP. N’importe quoi !

M. Bruno Le Roux. Le débat fut long. Il faut maintenant, je le dis très sereinement, lui trouver une conclusion.
 
Vous nous dites qu’il faut écouter…

M. Patrick Ollier. Bien sûr qu’il faut écouter !

M. Bruno Le Roux. …mais que faut-il écouter ?
 
Trois majorités se sont exprimées, avec deux légitimités différentes.
 
La première légitimité, ce sont les majorités qui se sont exprimées, une première d’abord lors d’un long débat dans cet hémicycle, une majorité forte, ayant même parfois emporté les clivages, et une seconde au Sénat. C’est la légitimité démocratique des représentants du peuple, qui, en conscience, après un long débat, ont approuvé une telle modification de notre code civil.
 
La seconde légitimité, c’est celle du peuple, qui a soutenu les engagements pris par le Président de la République lors de la campagne pour l’élection présidentielle et les élections législatives, aucune étude d’opinion n’étant venue contredire cette opinion. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Marc Laffineur. N’importe quoi !

Plusieurs députés du groupe UMP. C’est faux !

M. Bruno Le Roux. Non !
 
Nous ne sommes pas d’accord. Vous nous dites qu’il faut écouter mais, à ces différentes légitimités, au vote démocratique du Parlement, nous ne pouvons opposer la mobilisation de la rue, nous ne pouvons opposer la violence.
 
Je crains, mes chers collègues, qu’à ces légitimités, vous ne cherchiez à opposer la violence qui pourrait s’exprimer dans notre société (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Protestations sur de nombreux bancs du groupe UMP)…

Mme Laure de La Raudière. C’est honteux de dire cela !

Plusieurs députés du groupe UMP. Lamentable !

M. Bruno Le Roux. …et je veux marquer un désaccord très fort avec cette façon de faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Protestations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
 
Oui, nous sommes ici pour essayer d’avoir non un nouveau débat mais une conclusion sur un texte à propos duquel nous ne partageons pas les mêmes idées, nous l’avons constaté.

M. Céleste Lett. Le peuple vous écoute !

M. Bruno Le Roux. Vous devriez savoir, mon cher collègue, que le public n’a pas le droit d’applaudir, heureusement.

M. Céleste Lett. Il vous écoute mentir !

M. Bruno Le Roux. Je n’entends que la légitimité du peuple qui s’exprime.
 
Vous qui, pendant dix ans, avez méprisé tout ce qui se passait dans la rue, ne l’écoutant pas une seule fois, même quand elle était majoritaire dans l’opinion, et je parle des retraites (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC), vous n’allez pas nous faire le coup d’écouter une rue qui représente une France que l’on connaît. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et GDR.)
 
Vous nous expliquiez, monsieur Jacob, que nous avions cinq mois d’avance sur ce texte, mais la réalité, c’est que vous avez quinze années de retard sur l’évolution de la société. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.) Vous prétendez que vous reviendrez demain sur ce vote, mais vous nous disiez la même chose il y a quinze ans lors du vote du PACS. Le PACS représentait une évolution et vous vous y référez aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
 
Je veux le dire à ceux qui nous écoutent, nous assumons nos responsabilités dans l’évolution de notre société, nous voulons sécuriser par le droit ceux qui s’aiment et qui sont de même sexe.
 
Nous voulons tous, si nous le pouvons, célébrer demain de tels mariages, et ceux qui n’en ont pas la possibilité accepteront d’en être les témoins, le plus vite possible, quand nous aurons promulgué la loi.
 
Vous voulez rejeter ce texte, mais vous ne le referez plus jamais une fois qu’il aura passé le dernier obstacle de l’Assemblée (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC)…

Plusieurs députés du groupe UMP. Oh si !

M. Bruno Le Roux. …car cette grande avancée de société ne sera jamais remise en cause demain. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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