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jeudi 31 janvier 2013

A. Lepetit (30 janvier)

Mme Annick Lepetit.

Monsieur le Président, mesdames les ministres, mes chers collègues, ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe est un engagement de François Hollande. Nous l’avons porté avec lui pendant la campagne présidentielle et après lui, pendant les élections législatives.

M. Hervé Mariton. Discrètement !

Mme Annick Lepetit.

Il s’agit d’un combat de longue date des socialistes. Nous avons déposé une proposition de loi sur ce thème en 2009 et elle a été débattue à l’assemblée en 2011.
 
Nous n’avons jamais caché nos intentions et nous avons toujours annoncé qu’une fois majoritaires à l’assemblée, le mariage serait ouvert aux couples homosexuels.

M. Bernard Roman. Très bien !

Mme Annick Lepetit.

Ces derniers mois, le Gouvernement puis les commissions, ont organisé de nombreuses auditions. C’est là, chers collègues de l’opposition, que le travail de fond s’est effectué. Mais la grande majorité d’entre vous était absente.

M. Jacques Myard. Arrêtez !

Mme Annick Lepetit.

Pourtant, le débat qui nous réunit en ce moment fait partie de ceux qui permettent à la société d’évoluer vers plus d’égalité, plus de tolérance. Comme à chaque fois qu’un cap important s’apprête à être franchi, les forces les plus conservatrices se liguent pour empêcher l’émergence de nouveaux droits. C’est habituel.

M. Julien Aubert. Quelle vision réductrice !

Mme Annick Lepetit.

Mais que la majorité d’entre vous ait suivi la ligne du président de l’UMP pour être dans la caricature et l’amalgame aux côtés du Front national (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) et des organisations les plus intégristes et les plus rétrogrades…

M. Jacques Myard. Il y avait des socialistes !

Mme Catherine Vautrin. Provocation !

M. Patrick Ollier. C’est vous qui pratiquez l’amalgame.

Mme Annick Lepetit.

...cela restera comme l’une des pages les moins glorieuses de l’histoire de la droite républicaine.
 
Nous avons bien ici deux conceptions de la politique. Pour nous, le législateur est là pour éclairer les Français, leur expliquer ce qu’il compte inscrire dans la loi et les convaincre. C’est ce qui fait la grandeur du Parlement. Au contraire, vous n’avez cessé de mentir et de faire peur, aussi bien sur le contenu de ce projet de loi que sur ses conséquences pour notre société.
 
Nous sommes ici pour offrir une véritable égalité à nos concitoyens alors que vous voulez préserver une ségrégation légale. D’ailleurs, qu’est-ce que votre alliance civile, cette alliance civile que vous proposez dans vos amendements, sinon un sous-mariage, réservé aux couples homosexuels ? Ne voulez-vous pas plutôt rappeler à chaque fois qu’il y a d’un côté les couples qui ont droit à la protection et la reconnaissance de la société, et de l’autre, ceux qui sont inférieurs en droit mais qui doivent se justifier, eux, d’être de bons parents ?
 
C’est d’ailleurs sur ce thème que vous développez votre argument préféré : la défense des enfants. Ah, la défense des enfants ! Vous vous cachez derrière ces quelques mots, mais sans jamais aller au bout de votre idée.

M. Daniel Fasquelle. C’est vous qui vous cachez !

Mme Annick Lepetit.

Passées les précautions de langage, ce que vous essayez d’insinuer dans l’esprit des Français, c’est tout simplement qu’il serait dangereux pour un enfant d’être élevé par un couple homosexuel.

M. Daniel Fasquelle. Nous n’avons jamais dit cela !

Mme Annick Lepetit.

Vous insultez ainsi les dizaines de milliers de familles qui existent déjà, sans jamais démontrer la justesse de vos attaques. Où sont les preuves que les enfants vont plus mal lorsqu’ils sont élevés par un couple homosexuel ?
 
Le mieux est encore de les écouter, ce que nous avons fait en commission. Mais en leur refusant cette écoute, vous les méprisez et leur récusez le droit de dire qu’ils sont des enfants comme les autres.
 
En nous prédisant des catastrophes avec cette loi, vous refusez de voir la France telle qu’elle existe aujourd’hui

M. Jacques Myard. Vous aussi !

Mme Annick Lepetit.

Les homosexuels ne vous ont pas attendu pour fonder une famille. Et que je sache, ces dix dernières années, vous n’avez pas voulu les voir.

M. Christian Jacob. C’est stupide !

Mme Annick Lepetit.

Vos arguments sur les familles sont souvent empreints d’hypocrisie. Vous trouvez tous l’homophobie condamnable, au point d’en faire une circonstance aggravante dans le code pénal. Mais dans le même temps, vous nous expliquez que les moqueries dans les cours d’école envers les enfants élevés dans une famille homoparentale devraient nous dissuader de voter cette loi. Les mêmes quolibets étaient adressés aux enfants de divorcés, il y a vingt ou trente ans, aux enfants de femmes célibataires, il y a quarante ou cinquante ans. A-t-on pour autant interdit le divorce ou rendu obligatoire le mariage avant de concevoir les enfants ? Non, bien au contraire. La garde des sceaux l’a très bien démontré dans son propos liminaire.

Mme Claude Greff. N’importe quoi !

Mme Annick Lepetit.

Au fond, ce qui vous dérange, c’est d’accorder les mêmes droits aux couples homosexuels qu’aux couples hétérosexuels.
 
Le train de l’histoire est en train de passer et une fois de plus vous allez rester à quai (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Christian Jacob. C’est ridicule !

Mme Annick Lepetit.

Dans quelque temps, quand les esprits se seront calmés et que, malgré vos craintes, la famille dans toute sa diversité sera toujours là, vous regretterez sans doute vos outrances et vos erreurs. Et ceux d’entre vous qui ont le courage de défendre et de voter cette loi généreuse seront fiers de l’avoir fait, tout comme nous le sommes aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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