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mercredi 30 janvier 2013

Bernard Roman (29 janvier)

M. Bernard Roman. Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, je n’ai pas très envie, à cette heure, de reprendre des arguments qui ont été répétés avec talent par les différents orateurs qui se sont exprimés à cette tribune. Certains arguments de la droite, que je ne partage absolument pas par ailleurs, sont parfois même présentés avec quelque talent, je veux bien le reconnaître. Cela dit, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce que vous, la droite, voulez et pensez réellement.

M. Christian Jacob. La réciproque est vraie !

M. Bernard Roman. Nous avons deux semaines pour le découvrir. Quoi qu’il en soit, sur le fond, je sens un malaise dans vos propres rangs – chez vos militants, et vous-mêmes quelquefois. Ce malaise s’exprime lorsque vous regrettez l’utilisation de telle ou telle formule par tel ou tel… Lorsqu’il est question, s’agissant de mes propos ou de ceux de M. Le Roux, de quelque chose comme l’homophobie… (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Daniel Fasquelle. Arrêtez avec ça !

M. Bernard Roman. Cela nous ramène à ce que nous avons connu il y a une quinzaine d’années.
 
J’entends également des militants de l’UMP et des collaborateurs du groupe UMP, un peu plus jeunes que la moyenne d’entre nous…

M. Philippe Gosselin. Qu’est-ce que c’est que ce donneur de leçons ?

M. Bernard Roman. Je ne suis pas donneur de leçons, j’essaye simplement d’analyser, monsieur Mariton !

M. Hervé Mariton. Mais je n’ai rien dit !

M. Bernard Roman. J’analyse par exemple les sondages, qui disent des choses différentes. De 50 % à 63 % des Français seraient ainsi pour l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.

M. Hervé Mariton. Et contre l’ouverture de la filiation !

M. Bernard Roman. Mais tous les sondages s’accordent sur une chose : les jeunes de moins de trente ans sont massivement – au-delà de 70, voire 80 % – pour le texte que nous présentons aujourd’hui. Je suis désolé de vous dire que, quelle que soit votre position, une part de ces jeunes de moins de trente ans – 40, 45 ou 50 % d’entre eux – ont voté pour Nicolas Sarkozy aux dernières élections présidentielles. Votre malaise vient sans doute de là ! Il est difficile de s’opposer à un texte de progrès, correspondant à l’évolution de la société et soutenu par la jeunesse, et en même temps d’assumer sa couleur politique.

M. Daniel Fasquelle. Absolument pas !

M. Christian Jacob. Je vous remercie, ça va très bien pour nous !

M. Bernard Roman. Ce malaise se ressent à l’écoute des arguments que vous utilisez.

M. Christian Jacob. Vous, vous n’en avez pas, d’arguments !

M. Bernard Roman. Vous avez commencé par lancer un débat sur le débat : cela évite de parler du fond. Ensuite, vous avez lancé un débat sur l’organisation d’un référendum, selon vous nécessaire, bien que vous sachiez parfaitement qu’un tel référendum est impossible.

M. Hervé Mariton. Rendez-le possible !

M. Bernard Roman. À présent vous inventez des débats fantasmagoriques sur la GPA. Il n’y a pas un député dans cette assemblée qui se soit jamais prononcé en faveur de la GPA ! (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

Plusieurs députés du groupe UMP. Et la garde des sceaux ?

M. Bernard Roman. Vous êtes obligés de chercher des personnes extérieures à cette assemblée, car il n’y a pas un seul député qui se soit prononcé pour la GPA. (Protestations persistantes sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
 
Vous évoquez les amendements à venir. À votre place, je ne les évoquerais pas avant de les avoir tous lus. Je ne donne de leçons à personne, mais j’ai du mal à comprendre que les élus du Front national et quelques élus de l’UMP soient cosignataires de plusieurs amendements. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

M. Bruno Le Roux. Très bien !

M. Bernard Roman. Vous pouvez continuer à nous dire qu’il n’y a aucun relent d’homophobie dans votre position…

M. Hervé Mariton. Ce qui est vrai !

M. Bernard Roman. …et que vous êtes tous d’accord, et applaudir plus ou moins mollement quelques expressions entendues à cette tribune. Mais lorsque, dès demain, vous devrez voter les amendements, voterez-vous tous, par exemple, l’amendement consistant à déporter des mariages homosexuels d’une commune à une autre parce qu’un maire ne souhaite pas marier des homosexuels dans sa commune ? Le ferez-vous ? Voterez-vous cet amendement signé par des élus de l’UMP ? (Protestations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

M. Christian Jacob. Le Président de la République lui-même a reconnu ce droit !

M. le président. Mes chers collègues, les débats se sont bien passés jusqu’ici. Veuillez retrouver votre calme.

M. Bernard Roman. Voterez-vous les amendements cosignés par des élus du Front national et quelques élus UMP, mais pas par le reste du groupe ? J’attends vos explications sur ce cas de figure. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
 
M. Bernard Roman. Je conclus, puisqu’il ne me reste que quelques minutes.
 
Il y a tout de même un véritable aveuglement à ne pas voir l’évolution de la société. Vous vous référez constamment à notre histoire, au modèle originel du mariage, qui serait resté le même depuis 1804 et le code napoléonien. Mais vous oubliez ce que le mariage était dans le code napoléonien !

M. Hervé Mariton. On ne propose pas d’y revenir !

M. Bernard Roman. Puis-je vous rappeler que le code Napoléon précise, dans son article 1124, que les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux ? Si ce mariage prévu dans le code napoléonien n’avait pas subi une multitude d’évolutions depuis 1804, la société ne serait pas celle que nous connaissons aujourd’hui ! (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
 
Nous proposons tout simplement une évolution supplémentaire de cette conception du mariage.

M. Daniel Fasquelle. Ce n’est pas un argument !

M. Bernard Roman. Mais les œillères vous empêchent de voir l’avenir !

M. Daniel Fasquelle. Pas du tout !

M. Bernard Roman. Les œillères vous empêchent de voir que la gauche n’a pas le visage de Bruno Le Roux, comme le disait M. Gosselin tout à l’heure : elle a le visage de la République, et la République c’est la liberté, l’égalité et la fraternité ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP. – Vives protestations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

Ce site a été actif entre novembre 2012 et mai 2013, pendant les débats sur la loi concernant l’ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
 
Il est, et restera, à disposition de ceux qui le souhaitent pour garder en mémoire les peurs, contre-vérités et attaques de ceux qui y étaient opposés.

Deuxième édition pour Marions-les ! ,le livre gratuit à avoir toujours sur soi, pour ne plus se laisser impressionner par contre-vérités et approximations.


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